Me Valdiodio N'Diaye, l'indépendance du Sénégal.

Me Valdiodio N'Diaye, l'indépendance du Sénégal.

L’Etude Guédel Ndiaye & Associés est née de la réouverture du cabinet de Me Valdiodio Ndiaye, éminent homme politique sénégalais, suite à sa libération après douze années de détention politique.

 

Valdiodio NDiaye est né à Rufisque le 19 mars 1923, il est le fils de Linguère Adiaratou Sira M’Bodj, issue des Guelwaar du Sine- Saloum et de Samba-Langar N’Diaye, prince du Saloum. Il passe son enfance à Kaolack où il est inscrit à l’école primaire puis il fait ses études secondaires au Lycée Faidherbe, à Saint- Louis. Dès sa naissance, grâce à la loi des “ Quatre Communes “ il est citoyen français, ce qui l’exempte des corvées obligatoires.

Contrairement à nombre d’étudiants, il n’obtiendra pas de sursis pour son service militaire et devra passer son Baccalauréat en candidat libre. Dans sa promotion, parmi ses amis, nous retiendrons des grandes figures de l’histoire du Sénégal comme Cheick Anta Diop, Cheick Fall, Birago Diop.

Valdiodio N’Diaye sort major des épreuves du Baccalauréat.

En 1947, c’est pour faire des études dentaires qu’il obtient une bourse, mais, pour suivre ses propres aspirations, il s’inscrit en Droit et en philosophie à la Faculté de Montpellier. En janvier 1951 il soutient une thèse sur la citoyenneté qui lui vaut la mention très bien avec les éloges du jury. Malheureusement, malgré les recommandations de ses professeurs, il n’obtient pas de bourse pour s’inscrire au concours de l’Agrégation. Il revient donc au Sénégal. Il épouse Claire Onrozat, qu’il a rencontrée à la Faculté de Montpellier et qui, elle aussi, a passé son doctorat de Droit. Ils auront quatre enfants.

En 1951, il s’installe à Kaolack comme Avocat, entre en politique pour être élu Conseiller Territorial en 1952, mandat reconduit en 1957.

La démocratie est un chœur immense où toutes les notes ont leur place, même les notes dissonantes. Valdiodio N’Diaye

En 1957, avec la Loi Cadre, il devient Ministre de l’Intérieur du premier gouvernement du Sénégal, formé par le Président du Conseil, Monsieur Mamadou Dia. Il assume, de septembre 1958 à mai 1959, cumulativement avec sa fonction de Ministre de l’Intérieur, les fonctions de Ministre de l’Education nationale ainsi que l’intérim de la Présidence du Conseil.

Le 15 mai 1960 il est élu Maire de Kaolack.

C’est avec une grande rigueur qu’il gère la Mairie de Kaolack. Il se passionne pour la Fédération des Villes Jumelées qu’il préside avec succès. Kaolack est alors jumelée avec Narbonne (France), Aoste (Italie), Gelsenkirchen (Allemagne), Haïfa (Israël), Le Locle (Suisse). Grâce à ces échanges il va moderniser la ville, construire des infrastructures importantes (routes, bâtiments administratifs, éclairages …) avec le souci permanent d’éviter tout déficit.

Il devient l’architecte avisé d’une difficile réforme administrative qui supprime les pouvoirs féodaux, lui qui était issu du milieu princier traditionnel. C’est un Etat moderne, tourné vers l’avenir qu’il s’efforce de construire en créant de nouvelles régions et en prenant en charge la promotion de l’ensemble des communes.

Pour réussir son entreprise, il entame de longues négociations, qui prendront en compte les réalités historiques, politiques et sociologiques. Ce travail permettra d’établir des bases destinées à consolider l’unité de la Nation sénégalaise et d’éviter toute frustration des populations concernées.

«L’homme exerçait sur moi une certaine séduction à laquelle m’obligeait sa parfaite droiture, sa désinvolture de collégien, son courage, un franc-parler qui n’était en rien l’expression de la moindre méchanceté. Et, par-dessus tout, cette connaissance pointilleuse de tous les dossiers, qui venaient en Conseil des Ministres: les siens comme celui de n’importe lequel de ses collègues.» Mamadou DIA

Valdiodio N’Diaye est confronté à son destin lorsqu’il affronte, le 26 août 1958, le Général de Gaulle venu proposer son référendum, lorsqu’il qu’il exprime, du haut d’une tribune, Place Protet à Dakar, l’aspiration de tous les peuples d’Afrique noire :

«Nous disons indépendance, unité africaine et confédération. Nous disons indépendance d’abord, mais en nous fixant ce préalable, nous ne faisons qu’interpréter l’aspiration profonde de tous les peuples d’Afrique noire à la reconnaissance de leur personnalité et de leur existence nationale.» Extrait du discours du 26 août 1958, adressé au Général de Gaulle

 

 

Après la nuit du 19 août 1960 qui correspond à l’éclatement de la Fédération du Mali, il est nommé Ministre de l’Intérieur et de la Défense. Au lendemain de ces événements la presse titrait en légende sous sa photo: «L’homme qui a sauvé le Sénégal.» En effet, grâce à son sang-froid, c’est lui qui prend toutes ses responsabilités en tant que Ministre de l’Intérieur du Sénégal pour neutraliser l’action de ses adversaires.

En août 1962, il devient Ministre des finances

En décembre 1962, le destin de Valdiodio N’Diaye bascule dans la tragédie.

Tandis qu’il est lui-même mis en arrestation, son épouse, Claire et leurs quatre enfants sont expulsés du Sénégal. Il sera interdit aux enfants de voir leur Père pendant dix ans. Accusé injustement de complot contre l’Etat, ce leader africain qui a oeuvré pour la liberté et prouvé son attachement aux valeurs démocratiques, est condamné à vingt ans de prison pour complicité et tentative de coup d’Etat. Pourtant, à l’issue du procès, le Procureur général n’a réclamé aucune peine !

Valdiodio N’Diaye et ses compagnons d’infortune, Mamadou Dia ainsi que trois membres du gouvernement, se retrouvent en prison à Kédougou, tenus dans l’isolement le plus terrible, au mépris le plus absolu des droits fondamentaux et cela pendant douze longues années.

«Prenez l’indépendance et le reste vous sera donné par surcroît. Non, la justice n’est pas incluse dans ce reste qui est donné par surcroît. Il faut la forger avec son cerveau, avec sa conscience, avec son cœur. Par son versant politique, elle domine et déborde les frontières nationales pour intéresser l’humanité entière.» Kwame NKRUMAH

Grâce à une mobilisation internationale de personnalités tant politiques que civiles, défendu par d’illustres avocats comme Me Robert Badinter, Abdoulaye Wade, Valdiodio N’Diaye est enfin libéré en 1974. Il aura donc passé 12 ans en prison. La douloureuse expérience de la prison renforcera sa force spirituelle et sa force de caractère grâce auxquelles il aura réussi à surmonter l’épreuve. Après sa libération il se consacre à son cabinet d’Avocat à Dakar, place de l’Indépendance.

Me Valdiodio N’Diaye meurt le 5 mai 1984, il repose à Kaolack, sa ville natale.

Le Lycée de Kaolack porte son nom. Le 4 avril 2010, la Mairie de Dakar, à l’occasion du Cinquantenaire des indépendances africaines, annonce que la Place de l’Indépendance, s’appelle désormais « Place Valdiodio N’Diaye »

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